LITTÉRATURE RÉUNIONNAISE

La littérature réunionnaise

Poésie : Charles Leconte de Lisle

Cet auteur majeur de la poésie française, chef de file du mouvement parnassien et successeur de Victor Hugo à l’Académie française, est né en 1818 à Saint-Paul, sur l’île qui s’appelait alors Bourbon. Ses principaux recueils de poèmes, Poèmes antiques, Poémes barbares et Poémes tragiques reflètent l’influence de son enfance réunionnaise sur son oeuvre.

Il est aujourd’hui possible de se procurer ces recueils, mais aussi des recueils reconstitués par des auteurs actuels, qui expliquent et mettent en valeur l’oeuvre de Leconte de Lisle, tel que celui réalisé par Idriss Issop-Banian (Leconte de Lisle, un poète créole et son île. Azalées Editions, 1995), lui-même poéte réunionnais contemporain.

(…) Un bassin aux reflets d’un bleu noir y repose, Morne et glacé, tandis que, le long des blocs lourds, La liane en treillis suspend sa cloche rose, Entre d’épais gazons aux touffes de velours. Sur les rebords saillants où le cactus éclate, Errant des vétivers aux aloès fleuris, Le cardinal, vêtu de sa plume écarlate, En leurs nids cotonneux trouble les colibris. (…)

Charles Leconte de Lisle, extrait de La Ravine Saint-Gilles.

Le classique : Paul et Virginie

Certes, l’action de ce livre, grand classique du XVIIIème siècle écrit par Bernardin de Saint-Pierre, disciple de Rousseau et précurseur du romantisme, se déroule à l’île de France, actuelle île Maurice, et non pas à la Réunion, mais à l’époque, les deux îles étaient étroitement liées et il suffit d’observer la toponymie réunionnaise – que de rues, de résidences appelées Paul et Viriginie ! – pour constater que ce livre a profondément marqué la Réunion. L’histoire touchante de ces deux amoureux innocents rappelle la douceur de vivre dans la nature des îles des Mascareignes, en cruelle opposition avec la société esclavagiste et la superficialité de la société française moderne.

« Quel pays que l’Europe ! Oh ! il faut que Virginie revienne ici. Qu’a-t-elle besoin d’avoir une parente riche ? Elle était si contente sous ces cabanes, si jolie et si bien parée avec un mouchoir rouge ou des fleurs autour de sa tête. Reviens, Virginie ! quitte tes hôtels et tes grandeurs. Reviens dans ces rochers, à l’ombre de ces bois et de nos cocotiers. Hélas ! tu es peut-être maintenant malheureuse !… » Bernardin de Saint-Pierre. Paul et Virginie. Librio, 1995.

Un livre en passe de devenir un classique réunionnais : Chasseur de Noirs

Paru pour la première fois en 1982, ce livre de Daniel Vaxelaire a connu en 2009 sa dixième édition ! Salué par les critiques les plus exigeants il y a trente ans, le roman historique a pour sujet la chasse donnée aux esclaves marrons (qui s’étaient enfuis) à la fin du XVIIIème siècle : pour toucher la prime promise, les « chasseurs de Noirs » ramenaient la main coupée de leurs victimes… Passionnant par sa valeur historique, très bien construit et écrit, le livre interroge sur nos valeurs et permet de mieux appréhender le métissage de la société réunionnaise.

La confession de Guillaume Brancher, vieille de deux siècles et demi, doit-elle être publiée ? Le récit du chasseur de Noirs dans la société esclavagiste de lîle Bourbon peut encore gêner les uns et révolter les autres… Sur le papier jauni, le trait de plume est droit, l’écriture ferme. L’homme savait pourtant que son temps était court : il connaissait son terrible destin et il n’a pas peur. Il savait quel jugement il pouvait attendre de ses contemporains, et il ne lui restait qu’à écrire son histoire, sans la farder de jusitfications ou d’excuses, dans l’espoir qu’un jour peut-être un inconnu la découvrirait et comprendrait. J’ai été celui-là. Et je vous porte ce récit. Vaxelaire D. Chasseur de Noirs. Editions Orphie, 2009 (dixième édition).

Nous Contacter